Louis Pichet, Notaire
6 mars 1752 - Échange entre Sieur Jean Chabot et Pierre Chabot, son fils #69
Par devant Louis Pichet, Notaire Royal en le Nouvelle France, soussigné, résidant au Comté St. Laurent, paroisse St-Pierre, et témoins ci-bas nommés furent présent en personne
Sieur Jean Chabot, habitant du dit comté, paroisse St. Laurent, veuf de défunte Marie Dufresne, d’une part,
Et Pierre Chabot, son fils mineur, demeurant au dit lieu et dite paroisse St. Laurent, assisté de Sieur Louis Dufresne, son oncle maternel et son subrogé tuteur d’autre part;
Lesquelles parties de leur bon gré et volonté ont reconnu et confessé avoir fait entre elles, les échanges, permutations, cessions et transports réciproques ci-après déclarés, avec promesse de garantie l’une à l’autre de troubles, dettes, hypothèques et tous autres empeschements généralement quelconques, c’est à savoir:
Que le dit Sieur Jean Chabot a baillé, cédé, transporté et délaissé du tout, dés maintenant et à toujours au dit titre d’échange, au dit Pierre Chabot, son fils, ce acceptant pour lui ses hoirs et ayant cause à l’avenir,
«une terre et habitation sise et située à la Rivière Boyé, paroisse St. Charles, Seigneurie de la Livaudière, au nord de la dite Rivière contenant trois arpents de large de front, sur 40 de profondeur, qui joint au Nord-Est les terres de André Pouliot, et d’autre costé celles de Louis Audet, avec une petite maison de pierres sur pierres dessus construite, et une petite grange close de mauvaise planche», sans du tout en rien réserver, excepter, ni réserver, et ainsi qu’il l’avait acquise et qu’elle lui avait été adjugée suivant le procès-verbal d’adjudication du vingt deux juillet mille sept cent cinquante;
Pour laquelle terre et en contre échange d’icelle le dit Pierre Chabot a présentement baillé, cédé, transporté et délaissé du tout dès maintenant et à toujours au dit titre d’échange, au dit Sieur Jean Chabot, son père, ce acceptant au dit titre, pour lui, ses hoirs et ayant cause,
«Trois-quarts d’arpent de terre de front sis et situés au dit comté, dite paroisse St. Laurent sur le Nord du fleuve, faisant partie de la terre du dit Sieur Jean Chabot, sur laquelle il demeure actuellement, sur la profondeur depuis le fleuve jusqu’à la ligne qui sépare la dite Isle par le milieu, de pointe en pointe: - Ensemble une autre petite portion de terre sise aussi au dit comté et paroisse St. Laurent, sur le dit fleuve, contenant une perche un pied ou environ de terre de front, qui aurait fait partie de la terre que possédait feu Pierre Dufresne, son aïeul maternel, et en outre tous les meubles et effets mobiliers qui lui sont échus de la succession de défunte Marie Dufresne, sa mère, consistant en la somme de cinq cent cinquante et une livres dix sept sous trois deniers, suivant l’acte de partage qui a été fait des dits biens ensuite du décès de la dite Marie Dufresne, passé par nous dit Notaire le sept août mil sept cent trente sept, sans du tout en rien réserver, excepter ni réserver;»
Pour des choses ci-dessus échangés jouir, faire et disposer pour chacun des dits échangeurs comme de choses leur appartenantes au moyen des présentes.
Ces échanges, permutations, cessions et transports faits par les dites parties, but à but, sans soulte ni retour de part ni d’autre, à la charge seulement par les dits échangeurs de payer les cens et rentes dont les terres échangées sont chargées, envers les Seigneurs dont elles relèvent; -
Au moyen de quoi les dites parties se sont transporté l’une à l’autre tous droits de propriété, fonds, tréfonds, noms, raisons, actions, etc., se dessaississant l’un envers l’autre et. – Se quittant respectivement. – Car ainsi etc. -Promettant etc. etc.
Fait et passé ès-étude du dit Notaire, après-midi six Mars mil sept cent cinquante deux en présence de Sr Pierre Aubin et Pierre Gaudebou, habitants du dit comté, paroisse St. Pierre, témoins; - et ont signé les dits Sieur Chabot, Dufresne, et Aubin avec nous dit Notaire, à la minute des présentes. Les dits Pierre Chabot et Gaudebou ayant déclaré ne savoir signer, de ce enquis suivant l’Ordonnance, lecture faite.
(Signé) Pichet
Vraie copie – Québec 9 juillet 1907
M. H. Chabot, Avocat
Dép. P.C.S.
[Note du copiste : J’ai dactylographié cet acte le plus fidèlement possible d’après la vraie copie de l’original réalisée par Me M. H . Chabot de Québec le 12 avril 1908. Marcel Chabot, 31 octobre 2020]
Commentaire : C’est probablement en prévision de la céder à son fils Pierre en temps opportun que Jean avait acquis, du Seigneur de ls Seigneurie de la Livaudière, cette terre à Saint-Charles-de-Bellechasse, sur la rive de la rivière Boyer. En cela, il avait probablement imité d’autres de ses voisins, les Pouliot et les Audet. La terre était devenue rare sur l’Île et c’était de début de l’émigration vers les terres vierges du Sud. L’oncle Louis Dufresne dont il est question est le frère de Marie Dufresne, première épouse de Jean. Selon toute vraisemblance, Mathurin savait écrire. Mais on se rend compte que Pierre ne savait même signer son nom, contrairement à son père. Il semble donc que durant tout le XVIIIe siècle, l’éducation ait été négligée et que l’apprentissage de l’écriture se soit détérioré. Sauf pour les nobles et la petite bourgeoisie qui pouvaient bénéficier de l’instruction des religieux et des religieuses dans des institutions situées dans les villes de Québec et Montréal. Ce qui étonne, par ailleurs, c’est que cette carence ne paraissait pas incommoder les habitants outre mesure.