Transe

Voici l’histoire pitoyable

D’un vrai benêt, d’un pauvre fou,

Un jour enjôlé par le diable

Et bien attrapé par le cou.

Car le malin vêtu en femme

Est un redoutable enjôleur :

Ses attraits charnels sont la flamme

Qui chauffe les sens et le cœur.

Et il fut saisi par la transe

Qu’on appelle souvent l’amour,

Et son indomptable attirance

L’aveugla et le rendit sourd.

Peu à peu il devint esclave

De ses capricieux travers,

Dont pour son malheur, il se gave,

Poussé dans des excès pervers.

Et puis un jour sans crier gare

Cassa l’aiguillon du désir,

L’ivresse des sens se fit rare,

Et perdit son nom le plaisir.

Et depuis ce jour il végète,

Fruit sec oublié au caveau.

Il attend toujours qu’on le jette,

Devenu  rien, un vieux lambeau.

Refrain

Voici l’histoire d’un triste sire

Qui pour son envie contenter

Fit de sa fin un vrai martyre:

Ne plus sentir sa chair vibrer!