Vers et rimes
Rozie la rousse
On l’appelle la rousse
Son jardinet en brousse
Elle adore exhiber
Pour les gens aguicher.
Car sous la chemisette
De la jeune minette
Brille comme un trésor
Sa touffue toison d’or.
La petite ingénue
Sautille presque nue
Souriant aux curieux
Qui la lorgnent des yeux.
Caressés par la brise,
Rouges comme cerise,
Pointent ses mamelons
Friands comme bonbons.
Elle court la coquette.
Folâtre, guillerette,
Lançant la jambe en l’air
À un rythme d’enfer.
Elle danse, elle danse
Avant d’entrer en transe,
Dans un grand branle-bas
De torrides ébats.
Ses cuisses. vraies tigresses.
Font bondir ses fesses
Qui bayent lestement
Comme plumes de paon.
Telle une elfe s’envole,
Fille du dieu Éole,
Pour donner des leçons
Aux provocants garçons.
C’est bien elle la reine,
Et malgré son sans-gène,
Ses gestes enjôleurs,
La bourrelle des cœurs.
Mais bientôt des mégères
La lapident de pierres
Et sans temporiser
Entendent l’expulser.
Mais les gens du village
Petit peuple bien sage,
Règlent sitôt leur sort,
Les menaçant de mort.
Le bon pape de Rome,
Lui-même un honnête homme,
Son mérite étudia
Et la canonisa.
Et elle a sa statue
Qu’on honore et salue,
Au milieu de son bourg
Où tout le monde accourt.
On l’appelle la sainte
Son encolure est ceinte
D’un collier de joyaux
Don de princes royaux.
On l’adule et la prie
La nouvelle Marie.
On invoque son nom,
Sans borne est son renom.
« Sur nous descend et veille
Toi l’ultime merveille
Qui avec tes appâts
Sait animer nos pas. »
Marcel Chabot, décembre 2022