Les limites du doute
Réflexions éparses et bénignes inspirées lointainement de l’ouvrage
De la certitude de Ludwig Wiittgenstein
Je doute, donc je suis… un pauvre humain perdu sur une planète elle-même esseulée dans un univers incommensurable, quoiqu’on puisse en douter, car comment imaginer, avec notre pauvre intelligence terrienne, l’incommensurabilité? Cela dépend bien sûr de notre capacité à concevoir des instruments de mesure fiables selon des paramètres et des algorithmes incontestables. Mais qui peut en juger? Une théorie n’est pas un fait, au plus un cumul d’observations et d’expérimentations qui sert à expliquer un phénomène quelconque.
Ainsi, après des millions d’années sur la Terre, les humais ont fini par découvrir, depuis moins d’un demi millénaire, à l’aide d’instruments de leur fabrication, la composition et le fonctionnement de notre système solaire, système lui-même situé dans une galaxie dont les sœurs se compteraient par milliards de milliards. Moi, pauvre petit bonhomme aux facultés si précaires et imparfaites, je pourrais douter de ces avancées de la dénommée science. Je pourrais remettre en cause, rejeter d’un bloc les découvertes d’une multitude de savants et de chercheurs, les contester, mettre en doute leur probité et leur honnêteté. Bien sûr, tous ne sont pas aussi fiables, mais un grand nombre le sont, autant que moi, car leur but, auquel on ne peut que souscrire, est de nourrir les aspirations de leurs semblables, leur appétence d’êtres curieux de dévoiler les secrets du monde dans lequel ils se débattent.
J’ai deux mains, puis-je en douter? Mes yeux les voient. Mon cerveau, capable de transformer leur perception en images, m’informe que si je me fie à une convention généralement reconnue, il s’agit bien de ce membre qu’on nomme en français «main», en anglais «hand», en espagnol «mano» et ainsi de suite pour les centaines d’autres langues et dialectes dans le monde. Et ce mot est inscrit dans des dictionnaires avec de milliers d’autres pour nommer la réalité qui nous entoure et permettre à la communauté que nous formons de nous entendre sur un savoir commun et qu’ainsi nous évitions la confusion et le chaos ayant mis fin à l’utopie de la tour de Babel qui devait permettre de monter jusqu’aux étoiles…
Aux étoiles, on est encore loin de s’y rendre! Certains affirment que des américains ont marché sur la lune. Pour ma part j’en doute. On nous a montré des images. Qui les a captées à l’arrivée? Un lunatique, un lunaute, oublié là par hasard par un voyageur spatial égaré (Tintin de Hergé ou Michel Ardan de Jules Verne)? Surtout que la science n’était pas assez avancée pour réaliser ce voyage aller-retour. C’était avant l’ère des ordinateurs performants. On en était au Commode 64. Pourtant, année après année, on tente de nous vendre cette chimère au moyen de reportages et de films de fiction. Malgré ces belles images, mon doute persiste toutefois, car la raison pour laquelle les américains ont entrepris d’aller sur la lune était essentiellement politique**: une guerre minable d’égo, à savoir qui serait le premier à réussir cet exploit, coûte que coûte. Et au jeu du leurre, de la duplicité, de la tromperie, les américains sont les champions. J’allais écrire de l’Hypocrisie. Hollywood a écrit le scénario et filmé toute l’aventure. Et ça s’est vendu partout sur la planète. Il y a des limites au doute, mais aussi à la crédulité, surtout si elle est alimentée sans cesse par les médias. En fait, si ces derniers ne cessent de ressasser un évènement, de tenter plus ou moins subtilement de l’instiller dans le cerveau du peuple, de transformer un mensonge en vérité, il faut se méfier et douter. Les tours jumelles de New York tombées en cendres par le choc d’un avion. Le sens commun nous interdit de tomber dans un tel piège. Là encore, la destruction des tours qui a fait des milliers de victimes avait un motif politique, celui de la décision du lancement de la guerre du Golfe. Carthago delenda est! Clamait le sénateur romain Caton l’Ancien. Et Carthage fut détruite. On dit que l’Histoire se répète…
La Terre plate, les religions, l’Histoire du monde, les dinosaures, de l’atome à l’Homo sapiens. Le Big Bang, la théorie des quantas, des cordes, des mondes parallèles…
Comme Thomas suis-je donc? Si je n’ai pas vu de mes yeux, si je n’ai pas observé moi-même un phénomène, si je n’ai pas vécu telle ou telle expérience, cela me donne-t-il le droit de douter. Quel est le critère de la confiance. Par exemple, je lis un article soutenant qu’il existe des trous noirs, ces entités cosmiques avaleuses de matière. Je ne possède évidemment pas le moyen de vérifier la véracité d’une telle affirmation. Mais je ne suis pas satisfait. Je consulte d’autres sources. J’évalue la qualité des observations sur lesquelles reposent ces sources. Surtout, je mesure le niveau de crédibilité des responsables de ces observations et des auteurs qui les ont décrites, leur statut dans la communauté scientifique, leur compétence, voire leur philosophie face aux rouages de l’Univers. Car il est manifeste que les croyances personnelles influent sur le regard qu’on porte sur le monde, sa naissance, son fonctionnement et sa fin. Hubert Reeves, Stephen Hawkins qui ont investigué ces questions finissent par avouer qu’au fond, malgré leurs savants calculs, recherches, et computations, n’ont pas d’explication définitive à offrir quant à l’origine de notre Univers et à son destin. Il y en a une… certainement… mais nous sommes et resterons à jamais trop bornés pour la trouver…
Il y a des millions de livres qui ont été consacrée à l’histoire du monde, à celle des peuples, à des époques lointaines et plus récentes, aux désastres, tragédies, conflits. Savoir, comprendre, c’est notre quête, nous les humains. Mais quelle crédibilité peut-on apporter à cette masse d’information basée souvent sur des hypothèses, des supputations, des manuscrits anciens, à peine lisibles, des fouilles, des récits et des thèses biaisés, contaminés par des croyances, des philosophies, des courants politiques de tous acabits. Qui croire? Comment ne pas douter? Il faudrait être une machine pensante, capable d’analyser syllabe par syllabe, mot par mot, cette masse titanesque pour y tirer, à partir d’une grille idéale, exempte de biais, de miasmes, l’essence unique de Vérité. Mais là se présente le paradoxe absolu. Comment un humain qui a baigné depuis sa naissance dans l’océan visqueux et empoisonné d’une information dénaturée, déformée, travestie, pourrait-il concevoir une telle grille d’analyse parfaite? Alors, moi, pauvre vermisseau terrien, qui suis dans ce cas, incapable, dans mon ignorance, de trier le bon grain de l’ivraie, il ne me reste donc que le doute en partage.
Mais, pour le cerveau, le doute est ennuyeux, parfois insupportable. Alors, il faut bien se rabattre sur nos perceptions en mettant à l’épreuve les connaissances que nous avons acquises, les opinions que nous avons entendues, les observations que nous avons faites, les expériences que nous avons vécues, les auteurs que nous avons lus, les maîtres qui nous ont enseigné. Avec ce que nous avons accumulé de jugeotte, tenter de repérer dans la mine obscure, le petit filon qui brille. Le filon de science véritable, le filon d’une certaine sagesse, le filon qui, pour un instant, nous prodigue comme un éclair de clairvoyance dans cet Univers à ce jour impénétrable autant que mystérieux.
Divagations que tout cela. Ce texte je le tape sur le clavier de mon ordinateur. Une machine pseudo intelligente, création humaine, capable, moyennant des modules spécialisés, d’un grand nombre d’aides à la création, littéraires, graphiques, mathématiques, ludiques, dans une variété sans cesse grandissante de domaines. De mes dix doigts, en appuyant sur des touches, je crée des objets visibles, imprimables, échangeables. Il m’est difficile alors de douter des bienfaits, si je puis dire, de la science informatique et des avancées dans l’univers électronique qui permettent le traitement des bits à des vitesses inimaginables. C’est ainsi que la cinquantaine de touches du petit pavé que j’ai devant moi m’aident sensiblement à matérialiser mes idées et les images qui surgissent de mon esprit. Où veux-je en venir? C’est que ce pouvoir est une émergence du génie humain. Qu’il m’est impossible de le nier. D’en douter. Le résultat est là, au bout de mes phalanges. Tout cela n’existait pas dans mon enfance, il y a soixante-dix ans, Je pense à mon père, pas très féru des gadgets électriques ou électroniques, mais qui aurait quand même apprécié, lui un esprit curieux et un lecteur insatiable, de posséder une tablette, version moderne des ardoises de son temps, mettant à sa portée les écrits et les images du monde.
Le génie humain se manifeste en bien d’autres domaines. En physique, en ingénierie, en astronomie, en biologie, en médecine… Une invention nouvelle, une percée remarquable, une avancée prodigieuse, chaque jour sont présentées par les médias toujours soucieux d’épater la galerie. S’il fallait les croire, il ne serait pas long que l’humanité jouirait d’un bien-être total, que les maladies seraient éradiquées, les problèmes sociaux résolus, les guerres et les conflits bannis, les voyages dans l’espace possibles pour nous permettre de changer de nid une fois le nôtre empuanti par notre crottin. Et que peut-être un jour, qui sait, nous serions immortels!
Comment nous défendre contre cette avalanche de sottises à saveur scientifique qu’on nous postillonne dessus, dont on nous bourre les oreilles? Surtout lorsqu’elles sont enrobées de sucreries délectables philosophico-mystiques et religieuses. Et nous voilà empêtrés comme l’insecte imprudent dans un pot de miel. Et le doute nous envahit. Ce qui tantôt nous semblait clair et lumineux est réduit en bouillie, comme un vomi infect et nauséabond. Tout dans ce magma n’est probablement pas vicié, malsain… Mais comment, sans se salir, extirper la pépite de la masse de boue et de sable qui l’enrobe? Quel sas utiliser et où même le trouver? Mon cerveau a beau être une machine computante formidable, elle ne réussit pas à tamiser cette gangue dont on la nourrit sans arrêt par tous les sens. C’est à devenir fou! Et je doute. Que mon cerveau soudain soit littéralement incapable de s’extraire du chaos alors que le langage même, les codes, les règles, ont perdu toute signification, que le sens n’en a plus. Qui écrira la nouvelle Bible: À la recherche du sens perdu?
Parlant de grille*, d’un outil pour aider à décoder notre univers et, surtout, à faire un tri judicieux parmi toutes les bribes d’information dont notre cerveau a été bombardé depuis l’enfance, à l’école, au collège, à l’université, à travers nos lectures, les abois incessants des médias… La plupart du temps, ce n’est qu’une information triviale, ordinaire, sans valeur autre que bêtement utilitaire ou sans objet. D’autres fois, et c’est alors qu’elle devient à la fois plus sérieuse et inquiétante, elle nous est imposée expressément par des supposés savants, prêtres, gourous, chercheurs, scientifiques, vulgarisateurs, soucieux de répandre le Savoir, leur Savoir. Et notre pauvre cerveau est ainsi assiégé par cette horde de messages dont il est incapable de discerner la part du vrai, du faux, du futile, de l’inutile, du nuisible, du mortifère. Alors, si l’on a de la chance, il arrive que l’on rencontre, parfois au hasard de nos lectures, des esprits éclairés, aux idées et aux horizons vastes, ouverts, qui se sont attaqués à l’immense question de savoir comment de la matière a pu émerger la capacité humaine de penser et d’inventer. S’appuyant sur les découvertes des divers domaines de la science, physique classique et quantique, chimie, biologie, psychologie, éthologie, anthropologie, sociologie, ils ont tenté de produire une grille, une sorte de tamis qui nous aide nous, les non initiés, qui n’ont eu ni le temps ni l’occasion de s’attaquer à des investigations approfondies, d’appréhender notre monde par-delà la logorrhée d’insignifiances qui bourdonne sans arrêt à nos oreilles. Ces penseur nous offrent des repères à partir des quels il devient possible d’avoir accès à certains notions plus complexes, de les mettre en relation avec d’autres, pour enfin y voir plus clair. Le travail de tri et d’analyse nous revient, mais il est ainsi souvent simplifié. Bien sûr, il ne faut pas croire que ces penseurs, ces esprits éclairés détiennent la vérité. Mais on reconnaît les vrais à ceux qui ont l’humilité de le reconnaître. Ils sont dans un processus de construction (re-construction) de la réalité, travail jamais terminé, soumis aux aléas des bouleversements scientifiques.
En ce qui me concerne, deux auteurs m’on particulièrement marqué, enrichissant mon pauvre bagage de connaissances et m’offrant une perspective nouvelle pour voir mieux et autrement le monde qui m’entoure. Le premier est Edgar Morin, un sociologue, auteur d’une oeuvre en cinq tomes, réalisée sur plusieurs années, intitulée La Méthode. Moi, pauvre petit béotien de la campagne profonde, ayant toutefois eu la chance de fréquenter, dans le collège que j’ai fréquenté, quelques maîtres qui m’ont fourni un cadre où je pouvais déposer mes connaissances antérieures, les trier, les classer, les analyser, les ordonner, de façon à en tirer le meilleur parti. Car les connaissances ne sont rien, voire même inutiles et nuisibles, si elles ne sont pas soigneusement (le plus et le mieux possible) passées au crible d’un ensemble hiérarchisé de concepts qui nous permettent et nous forcent d’en extraire l’essence qui convient le mieux à la nourriture et au développement d’êtres humains vivant en société. Une grille, même imparfaite, permet de ne pas trop déroger à notre aspiration de bonifier l’avenir de l’humanité.
Une fois, j’ai eu l’occasion de dialoguer avec des croyants disciples de la théorie dite de la Terre plate. J’écris «théorie» à dessein. Car l’un deux m’affirme avec force qu’il ne croit à aucune des théories qui fondent les connaissances scientifiques actuelles (Big bang, relativité, théorie quantique, de l’évolution et j’en passe…). Tout cela, pour lui est de la pure foutaise («de la marde».) Comme je lui fait part de mon doute, il m’oppose ses arguments en faveur de sa croyance qui se comptent par dizaines, voire par centaines. Ces preuves qui son dûment vérifiées, selon lui, devraient me convaincre, si je prenais la peine de les considérer, de la justesse de sa position. C’est une question de vérité à laquelle je tourne le dos en refusant de croire… Alors, pour m’ébranler, il insinue que je suis atteint du syndrome de «dissonance cognitive», comme ces millions d’autres Terriens d’ailleurs, qui sont, depuis leur enfance, depuis qu’ils fréquentent l’école, victimes d’un bourrage de crâne idéologique qui m’empêche d’avoir un esprit ouvert, libre, armé contre toutes ces connaissances obtuses, fausses, mensongères. Je serais englué, empêtré dans ce fatras d’inepties scientifiques et mon pauvre cerveau ne serait enfin de compte qu’un sorte de fosse septique remplie des déjections de tous les penseurs du monde depuis l’Antiquité. Les penseurs, les chercheurs, les mathématiciens, les physiciens, les astrophysiciens, les inventeurs, ont tous erré et le fruit de leurs travaux, de leurs réalisations n’est que pâtée pour les pourceaux. La Terre est plate, comme une tarte, et ceux qui n’adhèrent pas à cette croyance, sont des idiots, engoncés dans le cocon d’une pensée surannée, au parfum de moisi, à vrai dire une vraie pensée de marde.
J’écoute. Patiemment, j’essaie de rester calme. J’ai appris depuis longtemps qu’il est vain de s’opposer à la mauvaise foi, aux argument spécieux qui relèvent d’une certaine vision du monde inspirée par la théorie dite du créationnisme. Le monde, notre monde, est une création divine qui, selon la Bible, l’Histoire (peu) sainte du peuple d’Israël, a été créé en 6 jours, les humains en dernier, le septième étant réservé au repos. En sept jours, donc, ça signifie pas de Big Bang, pas d’évolution des espèces, pas de système solaire, pas d’univers en expansion, pas de dinosaures, pas de civilisations, pas de premier humain qui a évolué jusque’à l’Homo Sapiens, et jusqu’à nous. Non, tout sa été créé d’un seul coup de baguette une fois pour toutes. C’était quand? On l’ignore. Et quel était ce Créateur si puissant et prolifique? On l’ignore aussi et la question même est mal venue. C’est Dieu et cessez donc de vous interroger et de vous torturer les méninges avec ce problème qui vous dépasse. Il est vrai que c’est plus simple ainsi. On vit dans un univers fermé, une bulle. La Terre plate, habitée par des bipèdes qui se nomment eux-mêmes Hommes (et Femmes, bien sûr), des quadrupèdes et des volatiles par millions, est le centre du monde. Elle ne tourne pas autour du Soleil, elle est fixe, majesté trônant en son centre. Alors, oublions nos idées perverses d’observation et d’exploration de l’immensité qui nous entoure, car elle existe bel et bien si nos yeux ne nous trompent pas et à moins que ce qu’ils nous font voir ne soit pas réel, mais qu’une illusion, une sorte de représentation magique, un cyclorama… Mes yeux, puis-je même m’y fier? Eux aussi, je suppose, sont pervertis dans leur perception des choses. Ici, le cerveau vient tout compliquer. Bébé, l’oeil voit une main, sa main, celle de sa mère, mais il ne sait pas que c’est une main avant qu’on le lui apprenne, qu’on la nomme ainsi et de même pour toutes choses. L’oeil perçoit et interprète au fur et à mesure que ses observations se multiplient… Qu’il apprenne, par exemple à différencier les visages, à reconnaître les lettres et des symboles, à percevoir des situations, des lieux, des mimiques, des gestes, des sentiments…
Je doute. J’essaie le plus souvent possible de vérifier la source d’une information et, surtout, sa fiabilité, car les fausses nouvelles prolifèrent dans tous les domaines, scientifique, politique, économique. Quelques fois par ignorance ou par incompétence, mais le plus souvent pour induire en erreur, cacher une malversation politique, camoufler un scandale économique ou sexuel. L’argent est en tête de liste des mobiles qui conduisent aux mensonges, aux magouilles et manoeuvres délictueuses. Que ne ferait-on pas pour tromper les gens afin de leur soutirer de l’argent? En leur faisant croire, par exemple, que leur santé et leur bien-être sont dus à leurs bons soins. Les politiciens ne sont pas en reste, eux qui sont des menteurs à temps plein, certains innocemment, mais la plupart en toute connaissance de cause, suivant en cela les instructions du parti auquel ils sont liés. Tous les jours ils trahissent ainsi leur conscience (à savoir s’ils en ont une!) pour la gloire de leur patron qui trône tout là-haut entouré des gérants de ce monde, des financiers surtout, des chefs de grandes entreprises, des banquiers, des pharmaceutiques, des compagnies d’assurance qui contrôlent le grand capital. Il faut toujours se demander, à qui l’issue de tel événement, de telle transaction, de tel catastrophe, de telle malversation, de telle escroquerie, de tel meurtre, profite. Cela devrait être, dans chaque cas, la première question à se poser. L’intérêt, il faut en identifier la source, d’abord.
Mais pour en revenir à la Terre plate, je crois que jamais durant les dernières années de ma vie, je n’adhérerai à cette idée invraisemblable. Il y a trop de faits qui prouvent le contraires dans la mesure où l’on se montre en accord avec les lois de la physique élaborées par des centaines d’observateurs depuis l’Antiquité, de Giordano Bruno et Galilée, à Steven Hawkins et des milliers d’autres qui ont levé les yeux vers le ciel pour sonder l’univers dans lequel ils vivaient. Bien sûr , si l’on rejette en bloc les découvertes de ces savants esprits, il n’y a plus de dialogue possible. Si l’on renie leurs recherches et les conclusions auxquelles ils sont arrivés depuis quelques siècles, au risque de leur vie pour certains. Bon, on peut faire un autodafé des traités qu’ils ont écrits, des livres qu’ils ont publiés pour enrichir les populations et les tirer de leur ignorance. C’est d’ailleurs ce qu’ont fait certains chefs d’état au cours des siècles. Ils croyaient ainsi éradiquer le grand Mal du Savoir. À leur avis, trop de connaissances conduisait à l’agitation et à la rébellion.
Les tenants la théorie de la Terre plate affirment avoir des centaines de preuves en faveur de sa véracité. Ils sont quelques centaines, voire quelques milliers qui la soutiennent fermement. Il faut voir, comme je l’ai écrit plus haut, le but qu’ils poursuivent, la mission qu’ils souhaitent accomplir. Qui sont-ils? Les rares que je connais sont les zélotes d’une conception qu’ils défendent à tout prix. Je suis probablement trop obtus, borné, décérébré par le discours moderne de la science, victime de la désinformation, en masse éructée par les médias, pour comprendre la Bonne Nouvelle. Ils sont comme ces jésuites qui, à force de mensonges ont tenté de convertir nos Sauvages et y sont parvenus, dans certains cas. Il faut lire leurs Relations pour se rendre compte à quel point leur doctrine était insidieuse pour ces peuples aux valeurs infiniment plus saines que celles des Blancs. Non, je ne me convertirai pas au dogme de la Terre plate. Je préfère de loin errer en compagnie de ces dizaines de milliers d’éminents explorateurs du réel qui essaient de bonne foi de rendre notre univers moins opaque. La plupart de ceux-là le font, j’en suis certain, avec un esprit libre, ouvert, pour le plaisir de montrer que delà l’horizon, le nôtre, il y a mille millions de mystères à découvrir. Ce n’est probablement pas Colomb qui a découvert l’Amérique et Jacques Cartier qui a remonté le premier le Saint-Laurent. Mais ils ont traversé la mer, cela est incontestable… Il existe des documents qui en apportent la preuve… à moins qu’on refuse toute crédibilité aux écrits du passé, conservés précieusement dans les grandes bibliothèques… à moins qu’on refuse de croire à l’existence de ces dernières ou à l’existence même des bateaux! Ce sont les limites de mes doutes. Je me range dernière ceux qui croient aux écrits; j’accorde de la créance à leurs auteurs et à d’autres, encore plus instruits et sages que moi le font, par dizaines, centaines, milliers… Je ne conteste pas que dans la masse d’information qui circule, de nos jours en forme de bits, il y ait plus d’ivraie que de bon grain. Il faut trier avec les ressources qui sont les nôtres. Et l’exercice est difficile, davantage encore de nos jours étant donné les moyens de communication modernes accessibles à tout un chacun, avec un résultat tout à fait déplorable. À mon avis, on nage dans la boue et les pépites qu’on peut y trouver sont aussi rares que des défécations de pontife.
Je pense, donc je suis. Je suis, donc je doute. C’est la prérogative de mon cerveau. C’est une machine computante (Edgar Morin) qui, à chaque milliseconde, doit prendre des milliers de décisions pour garder en vie la masse de chair et de sang dont il est le moteur.
À une certaine époque de ma vie, j’ai lu les ouvrages suivants qui ont été une révélation pour ma pauvre petite caboche de terrien.
La nouvelle grille d’Henri Laborit
La Méthode d’Edgar Morin
Steps to an Ecology of Mind de Gregory Bateson
La communication (et autres ouvrages) de Paul Watzlawitch
Knots (Noeuds) de Ronald Laing et autres ouvrages sur les troubles mentaux
Poussières d’étoiles et autres ouvrages d’Hubert Reeves, astrophysicien humaniste
L’unité de l’homme - Centre Royaumont* pour une science de l’Homme (3 tomes)
Tous ces livres et bien d’autres m’ont permis de mieux utiliser mes connaissances et d’éviter de me laisser envahir par les milliers et centaines de milliers d’informations dont mon cerveau est bombardé chaque jour grâce aux nouvelles technologies qui les diffusent à profusion. C’est (dans un océan d’immondices et de perles rares) la bouée qui permet de surnager…
*Le Centre Royaumont pour une science de l’homme : un joyeux pique-nique de «bollés» qui se réunissaient pour investiguer, selon des points de vue variés relevant de plusieurs domaines scientifiques, des facettes de notre monde.
** Kennedy voulait à tout prix faire croire aux américains que leur pays était en avance sur l’union soviétique en matière de voyage dans l’espace. Il fallait donc débarquer sur la Lune en premier. Dans l’impossibilité de réussir cet exploit avec les connaissances et les outils disponibles (on est au début des années ’60), une commande est passée à Hollywood pour rédiger un scénario crédible et le réaliser. Et c’est ainsi que nous avons pu voir à la télévision alunir un engin spatial sur notre satellite et un astronaute en descendre pour la gloire des States. La Grande illusion, car il faut bien l’admettre, l’exploit n’a jamais été depuis ni tenté ni réalisé. Autre exemple, la réduction en cendres de deux tours en plein New York, abattues par un avion. Il fallait au président Bush, fils, une raison pour se débarrasser de Saddam Hussein, le chef de l’Iraq. Il avait échoué auprès de ses alliés européens à faire condamner ce dernier pour avoir développé et posséder des armes de destruction massive. Sans doute frustré comme un enfant à qui on a refusé une sucette, il a trouvé un autre moyen : Voyez-vous comme il sont méchants les vilains disciples d’Oussama? Facile de détruire un gratte-ciel et ainsi condamner à mort 3000 personnes, sans compter les dommages et décès collatéraux. Malgré l’horreur de cette action démesurée, je n’ai pas de doute qu’elle ait été projetée et accomplie pour justifier une attaque qui allait faire d’autres victimes. Et on n’en finirait pas de faire la liste de telles magouilles imaginées par nos gouvernants pour arriver à leur fin et, surtout, conserver le pouvoir (qui appartient au Capital, il ne faut jamais l’oublier). Leurs mensonges n’ont pas de limites. Voilà jusqu’où se glissent mes doutes.)
Marcel Chabot, été 2022
Épilogue
Je redoute celui qui doute et comment ne pas le vénérer à la fois? Il y a un petit robot sur Mars. Il a, comment dit-on, amarsi il y a quelque temps, et il se promène cahin-caha, cahotant à travers les aspérités du sol martien. À la recherche de quoi? Des vestiges d’une vie hypothétique? Que veut-on nous faire croire? Qu’un jour nous, les Terriens, pourrons déménager en masse là-bas? Je doute… Comme je doute de la véracité de ces missions soi-disant extraordinaires qui ont l’apparence de films de fiction à la George Lukas.
Si un mensonge est répété suffisamment de fois, il devient une vérité. Cet aphorisme serait la devise de l’un des peuples de la terre, Israël. Et si Dieu est partout, c’est qu’il est un agent du Mossad.
SSI : lubie ou histoire à dormir debout?
Les super télescopes Hubble et James Webb : des chimères? Comme les découvertes qu’ils permettent de faire au sujet de l’univers, de sa naissance, de sa composition et peut-être de sa finalité?
Perspectives humaines : créer de nouvelles créatures conçues pour les voyages spatiaux et inventer une façon de se déplacer plus véloce que la lumière… lorsqu’elle sera éteinte…
https://fr.wikipedia.org/wiki/Hubble_(télescope_spatial)
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