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Les 36 métiers de l’enseignant ou

Le défi de la supervision pédagogique

   No 54, avril 1988

Le sujet du présent article devenant à la mode, j'ai été amené à lire, il y a quelque temps, une série de documents portant sur la supervision pédagogique. Cette lecture m'a fait prendre conscience, comme jamais je n'avais eu l'occasion de le faire auparavant, de la multiplicité des compétences, des habiletés et des qualités humaines requises pour enseigner dans les classes du primaire. La liste qu'on en trouve dans différents instruments conçus pour évaluer ou pour superviser les enseignantes est, en effet, impressionnante. A tel point qu'on en arrive à se demander si le métier d'enseignante n'est pas l'apanage d'une espèce surhumaine, surdouée, nantie de dons exceptionnels.

Cette interrogation en suscite une autre, cruciale, lorsqu'il est question de supervision pédagogique. En effet, est-il seulement possible de trouver une personne dont la formation est à ce point diversifiée et spécialisée qu'elle pourra superviser de façon éclairée cette autre personne, l'enseignante, dont le métier comporte de si nombreuses facettes? Mais la supervision passe nécessairement par une étape d'évaluation. Comment le superviseur pourrait-il autrement repérer les zones problématiques de la démarche d'enseignement poursuivie par le supervisé et fonder un plan d'action en conséquence?

On peut, bien sûr, éluder cette question et se lancer aveuglément dans l'aventure de la supervision. Il y a fort à parier que cette aventure se terminera, comme tant d'autres, dans la confusion et dans la frustration.

La supervision pédagogique constitue un défi immense qu'il est certes possible de relever si l'on y met les efforts et les moyens. Quel est ce défi? Pour en avoir une petite idée, il peut être intéressant d'explorer la partie immergée de l'iceberg.

Trente-six métiers

L'enseignante du primaire est une personne à tout faire ou presque. La formation qu'elle a reçue à l'université ou, autrefois, dans les écoles normales, ne l'a préparée que de façon très imparfaite à accomplir une tâche qui tient d'autant de métiers ou de professions. Elle a pourtant réussi, au fil des mois et des années, dans l'action, souvent à contre-courant, à en maîtriser les facettes essentielles.

L'enseignante : une animatrice

L'enseignante du primaire doit être une animatrice hors pair. Elle doit connaître différentes façons d'éveiller les intérêts et de canaliser les énergies, les expériences et les connaissances d'un groupe d'enfants dont chacun voit le monde à sa façon. Les images d'Épinal qui montrent les élèves d'une classe comme une entité homogène, convergente, font sourire toute personne qui a eu l'occasion de se mêler à l'action.

Par exemple, il est peu probable que les vingt-sept élèves d'une classe trouvent tous significatif un problème ou une situation d'apprentissage que l'enseignante leur présente. Certains, souvent les mêmes, acceptent facilement d'entrer dans le jeu; d'autres se montrent réticents à y participer s'ils n'ont pas l'occasion de faire valoir leurs idées ou leurs opinions; enfin, quelques-uns, que les activités scolaires laissent plutôt indifférents de façon générale, ont besoin d'être stimulés, encouragés, aidés de manière toute spéciale. L'attention personnelle que l'enseignante serait portée à accorder à ces derniers, ne doit toutefois pas l'empêcher de répondre aux besoins ponctuels des autres, de les écouter, de discuter avec eux.

Maintenir le cap d'un navire avec un équipage dont les membres ne sont pas tous d'accord sur la destination choisie, sans compter ceux qui ne manifestent pas un goût immodéré pour le voyage, n'est pas une sinécure. L'enseignante doit ainsi voguer entre deux écueils, celui du dirigisme, qui permet de garder le cap, mais dans un climat étouffant de ressentiment et de méfiance, et celui de l'ouverture illimitée qui présente le risque inévitable d'une aventure sans lendemain. Ce dilemme, toutes les enseignantes en sentent le poids, comme un boulet enchaîné à leurs chevilles.

D'ailleurs, est-il possible d'appliquer convenablement les « nouveaux » programmes du primaire sans posséder toutes les qualités qui font une bonne animatrice? Les enseignantes y sont invitées à faire suivre à l'élève une démarche d'apprentissage qui favorise sa participation et son autonomie. Ce type de démarche, qui emprunte aux principes de la pédagogie dite « active », suppose une gestion particulière de la classe que l'enseignante doit assumer seule la plupart du temps.

Faut-il être un bon animateur pour évaluer ou superviser une enseignante dans son rôle d'animatrice? Qui n'a pas eu l'occasion de voir des enseignantes, animatrices excellentes, boudées, voire réprimandées, parce qu'elles entretenaient dans leurs classes un climat un peu trop bruyant et en apparence désordonné peut-être propice à l'apprentissage? En d'autres mots, tout simplement parce qu'elles tentaient avec les moyens du bord, d'appliquer proprement un programme en faisant vivre aux enfants des expériences significatives!

L'enseignante : une communicatrice

L'enseignante du primaire doit également montrer de grandes qualités de communicatrice. Elle doit, bien sûr, au premier titre, être capable de présenter les éléments du savoir de façon que les élèves puissent les assimiler petit à petit, les comprendre, c'est-à-dire les intégrer à leur vision du monde. Mais ce n'est là qu'un mince fragment du rôle que l'enseignante doit jouer. Car, si le terme communiquer signifie, dans son acception habituelle, « faire connaître », il a aussi le sens d'« être en relation avec ».

L'enseignante sait communiquer à ses élèves le goût d'apprendre et celui d'apprendre à apprendre. Elle est capable d'atteindre chaque élève là où il se trouve et de l'amener à utiliser au mieux toutes ses ressources. Elle a un enthousiasme communicatif, comme on dit de quelqu'un qu'il a un sourire communicatif.

Autre paradoxe peut-être, les enseignantes qui correspondent à cette description, celles que les élèves adulent parce qu'elles les prennent au sérieux, parce qu'elles les entraînent sur des sentiers neufs, parce qu'elles les maintiennent dans un état quasi permanent de ferveur, celles-là sont souvent soupçonnées de laxisme. Ainsi les juge-t-on et cette réputation qui les précède les condamne à l'isolement. Alors, seul le plaisir sans cesse renouvelé d'être en relation avec les enfants, de leur communiquer la vie du savoir, les sauve pour un temps de la désaffection pour l'enseignement.

L'enseignante : une didacticienne

Il y a une didactique du français, une didactique de la mathématique, une didactique des sciences, une didactique des arts.. A l'université, chacun de ces champs disciplinaires est l'apanage de spécialistes longuement formés. L'enseignante, en ce sens, doit être considérée comme une multi-didacticienne puisqu'elle doit assurer simultanément l'application de six ou sept programmes d'études dont les caractères particuliers sur le plan des fondements et des contenus ont été maintes fois affirmés. Elle doit assurer la convergence des apprentissages tout en respectant les démarches prescrites, lesquelles se réfèrent, selon les objectifs visés, à des mécanismes mentaux qui varient en fonction du degré de complexité ou d'abstraction des habiletés à développer ou des notions à acquérir.

Il faut préciser ici que si les programmes d'études se réfèrent à une didactique, ils sont loin d'englober tout le champ de la didactique. L'enseignante doit donc, à partir de ses expériences et de recherches personnelles, situer les fondements didactiques de chacun de ces programmes, ce qui n'est pas une mince affaire, car les développements récents à cet égard sont nombreux. C'est un écheveau compliqué dont les brins sont souvent entremêlés.

L'enseignante qui essaie de débrouiller cet écheveau et qui se risque à faire une critique du discours tenu par les programmes, court assurément le danger d'être taxée de mauvaise foi et d'être écartée de tout débat. On ne discute pas les évangiles selon Saint-Meq! Pourtant, s'il existe un domaine qui constitue le lot privilégie de l'enseignante, c'est bien celui de la didactique, celui de la science des méthodes d'enseignement. Actuellement, il est en d'autres mains, mains roses et propres qui n'ont pas beaucoup remué le sol!

L'enseignante : une gestionnaire

C'est quelque six cents objectifs appartenant à sept programmes d'études que l'enseignante du primaire doit faire réaliser à ses élèves au cours d'une année scolaire. Pour atteindre ce but, il lui faut faire preuve d'une grande habileté à planifier les activités d'apprentissage ainsi qu'à gérer les personnes, le temps et l'espace. Les choses seraient plus simples pour elle si tous les élèves avaient, en arrivant dans sa classe, un niveau égal de compétence dans les différentes matières; si l'horaire quotidien et le calendrier semestriel n'étaient pas soumis à autant de contraintes administratives; si les locaux, les équipements et le matériel à sa disposition étaient plus fonctionnels ou plus nombreux. Pour pallier ces difficultés ou ces lacunes, l'enseignante choisit souvent la voie de l'intégration des matières. Elle réussit, de cette façon, en faisant réaliser aux élèves des projets à moyen ou à long terme, à les rassembler dans l'action et à rendre « signifiants » des apprentissages qui ne le sont pas nécessairement. La réalisation d'un tel projet, qui fait gagner du temps aux élèves, requiert beaucoup de son temps. Dans un tel cas, il lui faut pour ainsi dire tout préparer, tout planifier, tout prévoir. Peu de choses ont été faites à cet égard, sinon par des enseignantes.

Pourtant, celle qui prend le parti de l'intégration des matières pour en arriver à gérer convenablement une entreprise autrement impossible à diriger, est rarement reconnue à son mérite car elle en a! Serait-ce qu'on ignore ce qu'il faut de travail et d'initiative pour mener à bien un tel projet? Serait-ce qu'on craint que les élèves réalisent d'autres objectifs que ceux énumérés dans les programmes d'études?

L'enseignante : une psychopédagogue

L'enseignante doit être capable de reconnaître les problèmes d'apprentissage et de créer le climat et les moyens (situations, activités, exercices) nécessaires pour y remédier. On trouve, dans chaque classe, quelques élèves qui résistent à la scolarisation forcée et qui par conséquent, n'atteignent pas les résultats qu'on attend d'eux. Ce sont, par opposition aux autres qui s'accommodent du système, les « faibles », les « peu doués », les « inadaptés ». L'enseignante doit faire preuve de beaucoup de patience et d'une grande tolérance pour seulement entraîner leur adhésion au groupe. Elle doit faire preuve de perspicacité pour déceler les raisons de leur blocage et pour saisir au vol les moindres signes lui permettant d'entrer en action de façon efficace.

Ces élèves ont très souvent besoin d'une aide immédiate et continue. Cette aide, l'enseignante ne peut souvent leur apporter, faute de temps et de matériel approprié. Faute également d'un appui de l'extérieur. Elle a la certitude qu'elle réussirait, dans beaucoup de cas, à les remettre en piste, si cet appui lui était apporté. C'est là son principal souci.

Il y a des enseignantes qui ont pris l'initiative de proposer des solutions concrètes en ce qui concerne l'école pour apporter une solution à ce problème. Leur initiative n'a pas eu les suites attendues.

L'enseignante : une scientifique

Il est difficile d'enseigner les sciences si l'on ne possède pas une certaine culture scientifique. L'enseignante ne peut être à l'aise en classe si elle n'est pas en mesure de traiter les thèmes retenus par les programmes d'études en connaissance de cause. Comment pourrait-elle amener les enfants à poser des hypothèses judicieuses et à les vérifier par des expériences significatives, si elle ignore l'abc du sujet à l'étude?

Cette culture scientifique, c'est la plupart du temps par ses propres moyens que l'enseignante l'acquiert, par des lectures, des recherches, des fouilles personnelles. Les jeunes enfants d'aujourd'hui sont fort bien renseignés sur beaucoup de sujets; l'enseignante doit, pour répondre à leurs interrogations de façon convenable et, le cas échéant, les amener à corriger certaines de leurs perceptions biaisées par des messages ambigus ou contradictoires, maintenir sur eux une bonne longueur d'avance en ce qui a trait aux connaissances scientifiques.

L'enseignante bien renseignée sur le plan scientifique doit toutefois demeurer sur ses gardes. Elle formera des enfants à l'esprit plus critique et dont les idées pourront s'opposer à des valeurs reconnues. Des enfants qui s'interrogent, se posent des questions, émettent des opinions et savent les défendre. Et quoi de plus détestable que ces enfants qui pratiquent une écoute active, c'est-à-dire qui ont cette propension à passer au crible de leur intelligence les discours qu'on leur tient et à les commenter!

L'enseignante : une docimologue

L'enseignante qui désire suivre le cheminement de ses élèves, de chacun de ses élèves (leur progrès, leurs difficultés) doit non seulement connaître les règles et les méthodes relatives à l'évaluation formative, elle doit également, dans beaucoup de cas, surtout si son style d'enseignement se situe dans la ligne de la pédagogie dite « active », bâtir ses propres instruments d'évaluation (grilles, tâches évaluatives, questionnaires). Elle doit s'assurer que les items de ces instruments correspondent à la démarche d'apprentissage suivie par l'élève en fonction des objectifs qu'il avait à réaliser. Il faut préciser que chaque programme d'études prescrit une démarche particulière et des dizaines d'objectifs.

De plus, l'enseignante travaillant dans une commission scolaire qui n'a pas adopté le bulletin descriptif se voit forcée de recourir à toutes sortes de subterfuges pour transformer les résultats d'une évaluation formative critériée en données chiffrées à caractère normatif. Elle est bien consciente que, ce faisant, elle trahit le concept même d'évaluation formative. Autrement, elle se verrait obligée de mener de front une double démarche d'évaluation et d'élaborer les instruments en conséquence.

Dans ces commissions scolaires, l'enseignante qui s'efforce d'évaluer selon les principes de l'éducation formative reçoit en général peu d'encouragements. On la laisse faire à condition que les notes et les cotes arrivent à temps. Cette enseignante est mal comprise, comme est mal compris le concept même d'évaluation formative.

L'enseignante : une auteure

Dans la plupart des cas, les élèves d'une classe ont à leur disposition un matériel didactique de base autorisé qui permet à l'enseignante de leur faire atteindre des objectifs communs. Mais un matériel de base, si bien conçu soit-il, suffit rarement à combler tous les besoins et toutes les attentes, surtout si, encore une fois, l'enseignante se réclame des principes de la pédagogie « active ». Elle est donc amenée, très souvent, à créer de toutes pièces le matériel et les matériaux nécessaires pour réaliser un projet ou une activité, l'application de plus en plus stricte de la Loi sur le droit d'auteur l'empêchant, comme elle le faisait autrefois peut-être, de reproduire des documents existants ou d'en extraire des éléments.

Cette production, qui peut représenter des centaines de pages chaque année, ne fait pas l'objet d'une grande attention, tant on la considère implicitement comme faisant partie de la tâche normale de l'enseignante. D'ailleurs, comme il est toujours dangereux de sortir des sentiers battus, on encourage souvent l'enseignante à s'en tenir à la lettre au matériel didactique si chèrement acquis. Ainsi, se trouve garantie, dans l'uniformisation, l'uniformité des apprentissages!

L'enseignante: une linguiste et une psycholinguiste

Une enseignante peut-elle faire apprendre convenablement à ses élèves le programme de français si elle n'a pas une formation le moindrement poussée en linguistique, voire en psycholinguistique, en sociolinguistique et en sémiologie? Les fondements théoriques de ce programme tiennent, en effet, de toutes ces sciences relativement nouvelles. Mais il ne suffit pas à l'enseignante de se familiariser avec les concepts formulés par ces sciences, elle doit, dans les mises en situations et dans les activités qu'il lui faut élaborer chaque jour – le plus souvent le soir! – en trouver des applications concrètes. Les traités universitaires sont très souvent d'une bien mince utilité à cet égard. Les échafaudages théoriques ne sont pas facilement réductibles aux données de la pratique, sans compter que les théories linguistiques et les courants qui en découlent se succèdent à un rythme effarant et qu'il est bien difficile pour celle qui ne vit pas par et pour la science de suivre la cadence.

Malgré cela, l'enseignante qui accroît sa formation linguistique pour renouveler son enseignement n'est pas toujours celle qu'on apprécie le plus. Ses innovations inquiètent souvent l'observateur et trouvent peu d'appui chez ce dernier, surtout s'il les compare aux bonnes vieilles méthodes largement éprouvées.

L'enseignante: une agente de relations publiques

Les parents sont de plus en plus nombreux à montrer un souci marqué pour la chose scolaire. Leur point de contact privilégié avec l'école, c'est l'enseignante, cette personne qui les remplace auprès de leurs enfants pour aider ceux-ci à développer des habiletés et à acquérir des connaissances qui les prépareront à vivre en société. L'enseignante se trouve ainsi investie d'un nouveau rôle, celui de faciliter ce point de contact et de le maintenir. La véritable promotion de l'école, c'est l'enseignante qui la fait, souvent par des actions plutôt anodines, comme celle qui consiste à faire participer les parents à des projets et à des activités réalisés en classe par les élèves.

Les parents qui ont accès à la classe prennent vite conscience de deux choses : le métier d'enseignant est difficile, exigeant, souvent ingrat; les enfants apprennent à l'école, quoiqu'en disent les oiseaux de malheurs, journalistes, animateurs de radio et de télévision grassement rémunérés pour quelques paragraphes ou quelques minutes d'antenne. L'opinion de ces parents sur l'école change alors souvent radicalement et ils en deviennent les défenseurs inconditionnels. Ce rapprochement de l'école et de la communauté contribue à l'instauration d'un climat favorable à l'apprentissage sous toutes ses formes.

L'enseignante qui joue à plein son rôle d'agente de relations publiques par des actions concrètes, n'est toutefois pas toujours bien vue. L'intrusion des parents dans l'école inquiète. On ne souhaite donc pas qu'elle devienne une habitude trop répandue. Il faut que chacun garde sa place et ses distances. Tout ira ainsi pour le mieux!

L'enseignante, une...

Tout à tour, selon les heures et les circonstances, l'enseignante fait bien d'autres métiers encore: secrétaire, policière, travailleuse sociale, psychologue, orthopédagogue, infirmière, experte en relations humaines, négociatrice, mathématicienne, artiste... et j'en passe.

Tel est, tracé sommairement, le portrait de l'enseignante du primaire. Il peut paraître caricatural, tellement il s'inspire de sources à ce point différentes. Le métier d'enseignante n'est pas un métier ordinaire. C'est un méta-métier au sens où il emprunte à tous les autres et se trouve à l'origine de tous les autres. Enseigner n'est-ce pas apprendre à apprendre?

Tel est le métier d'enseignante, tel est le défi de la supervision pédagogique. Le superviseur doit non seulement connaître, comprendre et, pour ainsi dire, « transcender » les multiples facettes du métier d'enseignante, il lui faut aussi être en mesure de les considérer dans leur complexité interactive. S'il veut être un ferment du dynamisme et de l'innovation, il doit toujours savoir de quoi il parle, qu'il s'agisse de l'art d'animer, de l'habileté à communiquer, des politiques d'évaluation, des fondements et des contenus des programmes d'études, des courants pédagogiques, des mécanismes perceptuels et cognitifs, et des méthodes de rééducation, des théories linguistiques et mathématiques, etc. Si sa connaissance et sa compréhension de ces sujets n'est que superficielle, il ne sera pas crédible et contribuera peut-être, par des attitudes ou des comportements subtilement négatifs, à éteindre l'enthousiasme et la ferveur du supervisé. Il est bien certain, par exemple, que lorsqu'on ne comprend pas ce qu'implique concrètement la notion de « situation d'apprentissage signifiante », on risque fort de porter un jugement partiel et partial sur toute situation de ce type. Il ne faudrait pas que l'objectif recherché par la supervision pédagogique devienne un facteur de frustration et d'inertie.

Enfin, pour parodier la parabole évangélique, on pourrait dire qu'il est plus difficile de superviser une enseignante que de compter les pattes d'une scolopendre en pleine course.

Note

1, Comme les femmes sont en majorité dans les classes du primaire, le terme enseignante sera utilisé tout au long du texte. Dans ce cas, la forme féminine ne comprend-elle pas la forme masculine?