Les sommes allouées aux commissions scolaires dans le cadre du plan quinquennal d'intervention sur les TlC, annoncé par la ministre de I'Education en juin 1996, doivent être consacrées en très grande partie à l'achat d'équipement. La responsabilité d'assurer aux enseignantes et aux enseignants une formation adéquate en matière de TIC relève des administrations locales.

La formation du personnel scolaire représente, à mon avis, l'enjeu majeur de la réussite de ce plan d'intervention. L'objectif visé d'atteindre, d'ici quatre ans, un rapport appareil-élèves de I :IO est louable. Mais si l'on souhaite une insertion véritable des TIC dans l'ensemble des activités d'enseignement et d'apprentissage, il est indispensable que la formation offerte soit complète, adaptée et soutenue.

Une formation complète est celle qui doit tenir compte à la fois des aspects techniques et pédagogiques de l'utilisation de l'ordinateur. Sur le plan technique, la formation devrait permettre d'acquérir, entre autres, une connaissance minimale du fonctionnement des appareils utilisés, des caractéristiques du système d'exploitation dont sont dotés ces appareils, des causes les plus fréquentes des pannes et des bogues ainsi que des remèdes qui s'appliquent dans chaque cas. Sur le plan pédagogique, elle devrait porter sur la connaissance des logiciels disponibles et sur la façon de les utiliser efficacement, mais d'abord et surtout sur les moyens de tirer le meilleur profit des possibilités offertes par l'ordinateur en regard des objectifs visés par les programmes d'études.

L'intégration réussie des TIC aux activités d'apprentissage semble le défi le plus difficile à relever. C'est à coup sûr l'aspect de la formation auquel il faudra consacrer le plus de temps et 'énergie. L'intégration des TIC à l'école est un champ encore vierge. Il reste à le défricher, aventure remplie d'embûches et de risques, mais captivante, s'il en est une! Une formation adaptée est celle qui doit prendre appui sur les préoccupations, les interrogations, voire les inquiétudes des membres du personnel de l'école engagés dans une démarche d'intégration es TIC à leur enseignement. C'est aussi celle qui apporte une attention particulière à ceux d'entre eux qui, pour des raisons diverses, ont hésité ou hésitent toujours à

enfourcher la monture de l'informatique.

Pour les convaincre d'utiliser ces moyens, il est nécessaire de les placer en situation d'explorer, dans l'action, les possibilités nombreuses et diverses d'apprentissage qu'offrent les outils informatiques.

Une formation soutenue est celle qui doit être conçue et organisée pour répondre de façon permanente aux besoins ponctuels. Elle est souple pour s'adapter aux situations particulières et aux changements technologiques qui se multiplient à la vitesse de l'éclair. En effet, l'évolution dans le domaine des nouvelles technologies est si fulgurante que les connaissances acquises il y a seulement trois ou quatre ans sont déjà complètement dépassées. Comme le rythme de cette évolution ne semble pas en voie de s'atténuer, bien au contraire, il faut envisager un type de formation conforme à cette situation mou-

vante.

Dans le contexte actuel de restrictions budgétaires, il est prévisible que les administrateurs scolaires soient peu enclins à mettre en place des plans de formation aux TIC détaillés et coûteux. Les enseignantes et les enseignants devront faire preuve de vigilance et exiger de ceux-ci qu'ils assument la responsabilité qui leur incombe en offrant divers services (personnes-ressources, ateliers, journées de formation) ou en adoptant des mesures susceptibles d'encourager les initiatives locales (libération de certaines tâches d'enseignement, suppléance, etc.).

Toutefois, s'il est normal que le personnel d'une école compte sur le soutien de la commission scolaire, cela ne suffit pas. Il revient à chaque individu de s'engager . Il appartient à chaque direction d'écoIe d'inventorier les ressources proches disponibles et d'imaginer, dans les limites des règles de gestion en vigueur, des moyens d'utiliser ces ressources de façon optimale. Par exemple, la formation par les pairs est et demeurera celle qui donne les meilleurs résultats. Or, il est fréquent de trouver, parmi les membres du personnel d'une école, une ou deux personnes qui possèdent un ordinateur et qui ont acquis une somme importante de connaissances sur son fonctionnement et son utilisation.

Moyennant qu'on leur accorde certains avantages, ces personnes peuvent contribuer à la formation de leurs collègues, cela de façon efficace et, somme toute, à un bien meilleur coût que si l'on requérait les services de spécialistes de |'extérieur.

ll y a aussi les parents sur lesquels on peut compter. Ils sont souvent très heureux de partager avec les jeunes leur savoir et leurs expériences particulières. Certains élèves qui ont apprivoisé l'ordinateur à la maison peuvent devenir d'excellents tuteurs pour leurs compagnes et leurs compagnons de classe, voire pour leurs enseignantes ou leurs enseignants. Ils sont toujours fiers de montrer leur savoir-faire et peuvent s'acquitter des responsabilités qu'on leur confie aussi bien que n'importe quel adulte. Ils se révèlent souvent de très bons maîtres, patients, attentifs aux difficultés de l'apprenti et soucieux de sa réussite. Cn peut aussi recourir aux retraités de l'enseignement, de plus en plus nombreux, dont certains ne demanderaient pas mieux, si on leur en offrait l'occasion, de remettre, de temps à autre, l'épaule à la roue.

En tout état de cause, il est certain que dans le nouveau contexte qui se dessine dans le monde de l'éducation à |'aube du 3e millénaire (fusion des commissions scolaires, décentralisation des pouvoirs de décision en faveur des écoles, place prépondérante occupée par les parents dans les conseils d'établissement), un grand nombre de responsabilités, dont celui de la formation en matière de TIC, vont échoir a l'école et à la communauté environnante. ll s'agit la d'un virage depuis longtemps souhaité qui permettra à chaque milieu de prendre des décisions conformes à sa situation et à ses besoins réels. Encore faudra-t-il que chacune et chacun prenne acte de ce changement de cap et tire le meilleur parti de la latitude d'action qui lui sera dévolue.